Évoluer dans un lac gelé avec Alban Michon

Plongeur, explorateur et dirigeant associé des écoles de plongée sous glace de Tignes et de Val Thorens

Vous avez découvert la plongée enfant, mais comment avez-vous été amené à évoluer “sous” la glace ?

C’était un 31 décembre, de nuit. Je devais avoir 18 ans et j’étais chez un ami qui habitait près d’un lac gelé. Nous avons décidé de plonger par curiosité, mais là, ‘wouah’ ! J’ai été subjugué par le spectacle. J’avais déjà plongé dans différents milieux — mers, lacs, galeries souterraines —, mais ce que je découvrais alors était totalement différent.

 

Quel spectacle nous réserve la glace sous l’eau ?

Contrairement à une plongée classique où l’on regarde sur les côtés et en dessous, sous glace tout se passe en haut, au niveau du plafond. Plus ou moins opaque selon l’épaisseur de la glace, il est à l’origine de jeux de lumières et de nuances de couleurs uniques. Vous évoluez dans une ambiance tamisée, percevez les craquements de la glace, le ballet des bulles d’air qui s’échappent de votre détendeur… De nuit, ces bulles éclairées par votre phare constituent une myriade de miroirs : c’est subjuguant. À chaque fois !

 

Vous avez enchaîné les sessions de plongée autour du globe, la glace a-t-elle plusieurs visages ?

Oui, car la glace vit, bouge, travaille. Selon sa densité, sa composition, son âge, etc., elle est différente : par exemple, une glace qui craque sur le lac Baïkal en Sibérie résonne comme du cristal tandis que le craquement d’un iceberg au Groenland évoque davantage un coup de fusil… Autant de diversité, de puissance, d’importance même pour l’équilibre de notre planète, dans une simple goutte d’eau ! C’est un aspect de la glace qui me fascinera toujours.

 

Savoie Mont Blanc est-il un territoire propice à un baptême de plongée sous glace ?

Oui, dans le sens où ce type de plongée nécessite des lacs d’altitude d’environ 10 mètres de profondeur et alimentés en eaux claires, donc souvent issues des glaciers. Depuis 2000, nous organisons des plongées au Lac de Tignes et depuis 2014, au lac du Lou à Val Thorens : les gens sont souvent surpris par l’absence de froid — nous sommes habillés dans nos combinaisons étanches et évoluons à l’abri du froid— et par le spectacle changeant d’une saison à l’autre, d’une journée à la suivante. Un décor que je côtoie moi-même depuis presque 20 ans sans jamais me lasser…

Magie Blanche en Savoie Mont Blanc